Comment montrer à la personne « prise en charge » qu’elle n’est pas seulement « aidée », « éduquée » ? Et si je changeais de place, moi ?
L’éducateur n’est pas astreint à tenir la seule place de « celui qui éduque », l’aidant n’est pas astreint à la seule position de celui qui aide ; on peut à certains moments devenir partenaire égal de l’usager, mais aussi se mettre en « position basse » et montrer que nous aussi on peut être éduqué, aidé, par quelqu’un d’autre, y compris par l’usager lui-même.
Dans un atelier, l’éducateur peut être celui qui anime, mais il peut aussi assister au travail de l’animateur, ou bien participer comme les autres et se soumettre aux consignes…
Dans un jeu de règles (game), l’éducateur choisit de se faire partenaire de jeu et montre que lui aussi, il n’aime pas perdre !…
L’éducateur éduqué ( le choix de la « position basse ») :
L’éducateur se fait expliquer des choses par l’éduqué. RECITS : « A chacun son problème » (Le Fil du Récit n°5, p. 54) : Mohamed ne veut pas faire ses devoirs de maths ; l’éducatrice « tente » de les faire à sa place, et fait comme si elle n’y arrivait pas…
L’éducateur se fait délibérément expliquer par le parent comment il doit faire avec l’enfant, voire annonce qu’il n’y arrive pas avec cet enfant… Voir Travail avec les familles
En visite à domicile, l’éducateur se montre délibérément maladroit (il a perdu son stylo etc.) : c’est la « posture colombo » (du nom du détective qui joue à l’imbécile) REFERENCES : Francis Alföldi, Mille et un jours d’un éducateur (Dunod)
L’éducateur, las de faire la police, inverse les rôles : il triche grossièrement au jeu, il parle comme le jeune, etc. RECITS : Vis ma vie
Variante : auprès de personnes psychotiques, l’éducateur se met délibérément en situation de ne pas savoir quelque chose, jusqu’à jouer à ne pas savoir : par exemple, quand un enfant psychotique nous pose toujours la même question, je joue à ne pas savoir ce qu’on fait cet après-midi, à me tromper, à ne pas retrouver ma route dans un trajet etc. RECITS : » Je ne sais pas, un vrai rendez-vous » REFERENCES : Hébert (François) : Rencontrer l’autiste et le psychotique (Dunod)
L’aidé aidant
l’aidé rend des services d’autres personnes, souvent à quelqu’un de plus « faible » :
- des jeunes en difficulté sociale aident des personnes handicapées, des personnes âgées etc.
- la personne en difficulté aide l’aidant lui-même (le SDF rend service au professionnel etc.) : cette posture est essentielle s’agissant de personnes qui sont toujours « aidées », jamais « aidantes », comme si elles n’avaient rien à apporter à quiconque : SDF, mais aussi personnes âgées, très handicapées, malades etc. (cf. les trois places dans la théorie du don selon Marcel Mauss : donner/recevoir/rendre)
voir ACTIVITES : entraide : j’apporte à l’autre et ils s’apportent ensemble par l’agir
Références :
Marpeau (Jacques) : Le processus éducatif (Erès)
Hébert (François) : Chemins de l’éducatif (Dunod)
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