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Travail avec les familles

    Le travail avec la famille s’impose parfois institutionnellement (AEMO…). Mais en foyer, il nous arrive de l’oublier. Son histoire est pourtant « dans la tête » de celui qu’on « prend en charge » : comment lui prouver qu’on la respecte, comment la valider ?

    A un moment ou un autre, il nous faut « passer » symboliquement ou réellement par la famille, avec délicatesse, sans rien forcer. Même adulte, la personne accompagnée risque de rester seule avec cette histoire, voire de vivre un conflit de loyautés qui lui rend difficile de se poser chez nous…

    • L’accueil, les fêtes : on associe le parent à ce moment (il apporte de la nourriture, il participe à l’animation, il chante, joue avec nous tous…)
    • L’entretien : Voir Pistes de réponses : écoute (empathie) et authenticité (message-je) ; reformulation (voir en particulier la reformulation positive : je reformule de façon neutre l’intention du parent, alors qu’il fait quelque chose que je désapprouve par ailleurs…
    • Les réunions parents (café des parents, réunions à thème…)
    • RECITS : S’écouter pour écouter Un père arrive au premier entretien suite à un signalement, et se montre très agressif… ; Martine, sa mère, et le dentifrice : La mère de Martine harcèle l’équipe sur des futilités (le dentifrice de sa fille est souvent à remplacer) ; le responsable l’invite à une réunion d’équipe à ce sujet… Ici, il y a aussi recadrage : le chef de service surprend la mère, et « change le jeu » entre parent et institution
    • Les gestes de validation symbolique du lien filial

    EXEMPLES :

    Je reprends « la méthode de la mère » pour une toilette, un repas, un lever, une chanson… Je demande à un jeune de demander à sa mère des recettes… Je signifie ainsi en acte (voir rituel) que je reconnais le lien filial. La démarche peut inclure la reconnaissance de la culture et du milieu d’origine (voir Pistes de réponses : Culture et origines sociales)

    RECITS : « Sabrina et les pediculus », Le Fil du Récit n°5 : l‘enfant, placée, a des poux : l’éducateur va reprendre la méthode de la mère, Sabrina va alors s’ouvrir à nous ; « On avait oublié un détail », Sortir de l’impasse, p. 113 : l’enfant, placé, refuse de manger le matin ; on finit par appeler la mère, et on va reprendre le petit rituel familial du petit déjeuner… ; Une chanson pour toi

    • Photos :

    On fait des photos de l’enfant qu’on donne au parent (particulièrement les photos d’un séjour, d’une sortie…) ; j’envoie une photo par texto de leur enfant en train de faire quelque chose, de vivre un beau moment….

    L’éducateur fait des photos du parent et de l’enfant ensemble (Je me fais « témoin du lien filial ») RECITS : Aujourd’hui, c’est pour nous

    Je sollicite le parent pour le cahier de vie de l’enfant : avez-vous des photos ?

    • J’aide le parent à jouer avec son enfant : En crèche, dans un lieu d’accueil, lors d’une visite médiatisée etc. le parent ne peut/veut pas jouer avec son enfant ; je joue avec l’enfant, puis me retire du jeu au bon moment, pour laisser la place (cf. Jeu de places) au parent pour qu’il joue avec son enfant Exemple : Une grand mère se plaint que sa petite fille refuse de jouer avec elle (à des jeux « éducatifs ») ; l’EJE, à la ludothèque, joue avec la grand-mère devant l’enfant, qui ne tarde pas à vouloir jouer avec elle ! RECITS : L’enfant, sa mère… et son père ; L’enfant, le père, l’éducatrice
    • REFERENCE : F. Hébert, Le Tarot de l’éducateur, 2021, p. 13
    • La création d’occasions d’une autre rencontre (cf. Pistes de réponses : circonstances) :

    On organise une activité commune parent/enfant (par exemple, la cuisine… la cuisine est essentielle dans l’histoire familiale, leur culture)

    On invite les parents à un repas, un goûter… une réunion… l’anniversaire de leur enfant… (on demande à la mère une recette pour le gâteau d’anniversaire…)

    On organise une sortie commune (parent/enfant/éduc.) pour le plaisir, ou pour faire des courses… « une journée à la mer » (en collectif), voire un séjour « familles »

    RECITS : « Maxime nage avec sa mère » (Sortir de l’impasse, p. 122) : Maxime, jeune autiste, désespère se mère pour sa passivité ; un jour, on propose à la mère de venir à la piscine avec nous : là, la mère découvre un autre Maxime…

    • L’écriture : voir Pistes de réponses : Ecriture J’aide l’enfant à écrire à son parent (au lieu de téléphoner) pour lui dire des choses difficiles, ou au contraire positives, ou simplement lors d’un séjour etc. RECITS : « Il fait quoi le facteur », Sortir de l’impasse, p. J’écris au parent un mot de ma main pour l’informer (lettre, petit mot joint à une demande d’autorisation parentale, texto, cahier de liaison). J’y place des dessins, photos, j’y mets de l’humour…

    REFERENCES

    « Les parents demeurent les parents, et en l’absence de toute implication de leur part, un projet éducatif ou thérapeutique a-t-il réellement des chances d’aboutir ? »

    Loubat, J-R., Parents et professionnels, Tome 2, CREAI Rhône-Alpes, Mars 1992, p.8.

    « Au cours de la visite des parents, que se passe-t-il au sein de cette relation à trois : parents, enfant, soignant ? Il est certain que le malade qui nous voit en bons termes avec sa mère ou son père, d’accord avec eux, bénéficie de cette situation (…). L’accord ou le désaccord se répercute toujours d’une manière remarquable sur le comportement du malade. Nous avons vu naître chez des malades ayant assisté à un entretien triangulaire parfaitement réussi une douceur, et même une sorte de tendresse, qui a duré quelques jours. Au contraire, quand il semble que quelque chose n’ait pas bien fonctionné,, que le parent a été hostile à l’institution ou le soignant hostile au parent, l’humeur du malade s’en ressent. Le choix des vêtements, la coiffure, tous les petits actes que les parents peuvent accomplir pour leur enfant hospitalisé, sont souvent des révélateurs remarquables de la bonne ou mauvaise entente au sein du trio (…). Le malade sent plus que les deux autres qu’un conflit est sous-jacent à nos attitudes : c’est comme s’il se croyait pris dans un étau, comme s’il allait être écrasé, détruit par l’un ou par l’autre. » A. Eberentz et alii., Les oubliés de l’hôpital psychiatrique, Seuil, p. 168-9 

    « Le rituel est conjonctif, car il institue une union (on peut dire ici une communion) ou, en tout cas, une relation organique, entre deux groupes (…) qui étaient dissociés au départ. » C. Levi-Strauss, La pensée sauvage, p

    « Si on aide les parents à découvrir leur enfant, à comprendre qu’en dépit de ses limitations il peut être souriant, curieux, avoir des intérêts, à découvrir l’importance d’activités toutes simples pour l’expérience de vie de leur enfant, ils seront alors mieux outillés pour jouer leur rôle de parents, chose que parfois on oublie quand tous nos efforts ne se concentrent que sur l’enfant. Alors, les parents tout autant que l’enfant auront du plaisir à partager des activités et à découvrir le monde ensemble. » Notre tâche est de permettre aux parents de « découvrir leur part de plaisir dans cette interaction. » Ferland (Francine) Le modèle ludique, Presses de l’université de Montréal, 2003, p. 152.

    Sur le travail avec les parents à l’école, voir : Jérémie Fontanieu, L’école de la réconciliation (Les liens qui libèrent) : la méthode « Réconciliation » (« pour s’occuper des élèves, il faut s’occuper des parents« ) est fondée sur une coopération systématique, régulière, entre parents et enseignants (par exemple, dès avant la rentrée, l’enseignant appelle tous les parents…) ; voir aussi vidéos sur youtube

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